Quelle est la mission de Droit Pluriel ?
Sébastien Courou I Droit Pluriel est l'association nationale de référence pour la défense des droits des personnes en situation de handicap. Alors que le handicap constitue années après années la première cause de discriminations selon le Défenseur des droits, et que 4/5 femmes en situation de handicap sont victimes de violences au cours de leur vie, il est urgent d'agir. Depuis 2015, Droit Pluriel s'est allié avec l'ensemble des professions juridiques et plus de 200 avocats pour que le droit devienne un outil pour parvenir à une égalité réelle, et que le handicap ne soit plus un motif d'exclusion.
Quelles sont les actions menées par Droit Pluriel ?
Sébastien Courou I Droit Pluriel agit pour l'inclusion à travers trois grandes actions :
- La formation : nous sommes en partenariat avec l'ensemble des professions juridiques (magistrats, avocats, greffiers, commissaires de justices...) pour leur donner les clefs d'une relation inclusive avec les personnes en situation de handicap, mais aussi pour le droit à la compensation, l’accueil d'une personnes en souffrance psychique...
- Le plaidoyer : nous alertons les pouvoirs publics et la société sur les discriminations vécues par les personnes en situation de handicap à travers nos tribunes, expositions, ateliers...
- L'accompagnement : nous répondons à plus de 5000 personnes par ans avec nos juristes et avocats bénévoles. Notre accompagnement est gratuit et concerne tous les domaines du droit, sur tout le territoire.
Nos structures manipulent souvent des données personnelles sensibles, parfois liées à des situations de grande vulnérabilité.
Quel rôle joue le numérique dans votre quotidien ?
Sébastien Courou I Le numérique est devenu un levier essentiel de notre action. Nos services étant largement dématérialisés, nous le considérons comme un formidable vecteur d’égalité — à condition qu’il soit réellement accessible. Au sein de nos équipes, il favorise la coordination entre juristes, avocats et partenaires sur l’ensemble du territoire. Mais notre priorité reste le public : nous veillons à ce que nos outils et nos plateformes soient simples, accessibles, afin que le numérique ne devienne pas un obstacle supplémentaire pour des personnes déjà confrontées à de multiples exclusions.
Sur quel périmètre Cyber for Good a pu vous accompagner ?
Sébastien Courou I Cyber for Good nous a accompagnés dans la réalisation d’un premier audit de cybersécurité. L’objectif était de mieux comprendre nos vulnérabilités, d’identifier les zones de risque et d’établir des priorités d’action. Leur expertise nous a permis d’intégrer des recommandations concrètes dans notre fonctionnement interne. Pour une structure associative œuvrant dans un domaine aussi sensible que le nôtre — celui de la défense des droits — cette prise de conscience est essentielle.
La cybersécurité nous pousse à questionner nos habitudes, à simplifier nos circuits et à renforcer la cohérence globale de nos outils.
Quels sont les trois enseignements que vous gardez sur la cyber ?
Sébastien Courou I Trois enseignements nous marquent particulièrement :
1. L’adaptation permanente. La cybersécurité n’est pas un état, c’est un processus continu. Nos pratiques doivent évoluer au même rythme que les menaces.
2. La veille et la prévention. Se tenir informé des nouveaux risques est devenu aussi important que de se protéger.
3. La rationalisation. La cybersécurité nous pousse à questionner nos habitudes, à simplifier nos circuits et à renforcer la cohérence globale de nos outils et de nos procédures.
Quelles sont les erreurs/mauvaises pratiques que vous avez corrigé depuis l’accompagnement ?
Sébastien Courou I Nous avons renforcé notre utilisation cloud et sécurisé davantage nos outils du quotidien. Nous avons pu découvrir de nouveaux outils et méthodes, et nous avons pris en compte le besoin de prendre en compte les enjeux de la cybersécurité dans nos pratiques.
Est-ce que les enjeux de cybersécurité sont pris en compte dans le secteur associatif ? Pourquoi ?
Sébastien Courou I Le secteur associatif fait face à une équation complexe : beaucoup de missions, peu de moyens, et rarement des experts dédiés. La cybersécurité arrive souvent en bout de chaîne, une fois les projets déjà lancés. Les associations se concentrent naturellement sur l’urgence sociale, moins sur la sécurité numérique — pourtant, les deux sont étroitement liées. Or, nos structures manipulent souvent des données personnelles sensibles, parfois liées à des situations de grande vulnérabilité. C’est pourquoi des programmes de mécénat comme Cyber for Good sont essentiels : ils permettent de renforcer les capacités internes, de démocratiser la culture du risque numérique et d’offrir aux associations les moyens d’une sécurité adaptée à leurs enjeux.
La cybersécurité repose sur le concept de vulnérabilité (informatique) tout autant que les actions de Droit Pluriel. Qu’est-ce que la vulnérabilité vous a appris ?
Sébastien Courou I Nous avons appris que nous sommes toutes et tous vulnérables face aux menaces extérieures, mais que nous pouvons agir pour réduire les risques. Cela prend du temps et nécessite une modification de nos usages, mais des programmes comme Cyber for Good nous permette d'avancer et de faire le point sur nos besoins, avant de pouvoir les mettre en place de manière concrète.
* * *

Expert Cyber & IA I Advens
Léonard Keat : « L’IA ne crée pas le problème de souveraineté numérique, elle l’amplifie »
Face à l’arrivée de l’IA dans le paysage numérique, le secteur associatif se retrouve à la croisée des chemins : entre opportunités inédites pour renforcer sa mission et défis croissants en matière de cybersécurité. Comment ces acteurs, souvent limités en ressources, peuvent-ils tirer parti des outils intelligents sans s’exposer aux risques d’un monde toujours plus connecté ? Rencontre avec Léonard Keat, expert en cyber et IA chez Advens, pour décrypter les enjeux et les solutions d’une technologie en pleine mutation.

Directeur général de Les Surligneurs
Vincent Couronne : « Le droit est le langage de la démocratie »
À l’ère de la désinformation, le droit devient un référentiel essentiel pour éclairer le citoyen. Le legal checking, méthode rigoureuse de vérification des discours politiques, médiatiques ou virales, s’impose comme un outil clé pour préserver l’intégrité de l’information et renforcer la démocratie. Comment cette approche, inspirée du fact-checking, permet-elle de démêler le vrai du faux dans un espace public saturé d’affirmations controversées ? Échange avec Vincent Couronne, fondateur de Les Surligneurs, pour comprendre comment le droit doit rester un outil et un langage commun entre institutions, médias et citoyens.

Directeur général I Wikimedia France
Rémy Gerbet : « Wikipedia est un commun numérique, non lucratif et sans publicité »
Face à la concentration des plateformes et à la marchandisation des données, le modèle de Wikipedia rappelle qu’une autre voie est possible — celle d’une information transparente et accessible à tous, portée par une communauté mondiale de contributeurs. Mais ce modèle, essentiel pour l’équilibre de l’espace informationnel, ne peut prospérer sans soutien. Comment préserver et développer cet écosystème alternatif, où la connaissance reste un bien commun et non une marchandise ? Rencontre avec Rémy Gerbet, directeur général de Wikimedia France, pour explorer les défis et les horizons d’un web plus ouvert, plus solidaire et résolument humain.
