Les enjeux

Les manipulations de l’information, et notamment les ingérences numériques étrangères ont massivement contribué à la polarisation de l’opinion publique. Ces phénomènes ont facilité la diffusion des discours haineux et radicaux. Ils ont affaibli la stabilité de notre société en réduisant la confiance dans les institutions étatiques, le modèle démocratique français et les médias traditionnels.

Bien qu’aucun de ces phénomènes ne soit nouveau, ils ont récemment pris une ampleur inédite du fait des nouveaux modes de production, de diffusion et de consommation de l’information, à la faveur des plateformes en ligne et de l’apparition de nouvelles technologies, dont l’intelligence artificielle générative.

L’espace informationnel en ligne est aujourd’hui marqué plusieurs phénomènes :

1. La prolifération des manipulations de l’information sur internet fragilise les médias traditionnels en tant qu’acteur de confiance

L’espace informationnel est devenu un terrain de conflit où les contenus sont conçus et déployés comme des armes stratégiques offensives. La de l’information se manifeste par la diffusion ciblée de contenus manipulés, visant à influencer l’opinion publique, déstabiliser des institutions ou semer le chaos.

Ce phénomène est accentué par la prolifération massive des manipulations de l’information sur internet, qui se propagent rapidement grâce aux algorithmes et à la viralité des plateformes numériques. Ces fausses informations exploitent les biais cognitifs des utilisateurs, exacerbent les tensions sociales et affaiblissent la confiance dans les médias traditionnels et les institutions. La rapidité et la facilité de diffusion de ces contenus rendent leur contrôle particulièrement difficile, transformant internet et ses réseaux sociaux en vecteurs puissants de désinformation.

2. Les ingérences numériques étrangères, la manipulation et la radicalisation des discours propulsés par l’économie de l’émotion

Les ingérences numériques étrangères (INE) dans le débat public numérique se traduisent par des campagnes de manipulation sophistiquées, orchestrées par des acteurs étrangers hostiles pour servir des intérêts géopolitiques, idéologiques ou économiques. Ces ingérences utilisent des techniques, tactiques et procédures spécifiques pour orienter les opinions, semer la confusion et fragiliser la cohésion sociale. Parallèlement, la radicalisation des propos sur les réseaux s’intensifie, largement alimentée par une économie de l’émotion. Les plateformes numériques exploitent les émotions fortes – colère, peur, indignation – pour maximiser l’engagement des utilisateurs, favorisant ainsi la polarisation et l’exacerbation des discours extrêmes. Cette dynamique contribue à créer un climat social tendu, où la manipulation se nourrit des passions collectives, renforçant la fragmentation des sociétés.

3. Une pression économique et politique sur les médias sans précédent

La diffusion massive de contenus médiatisés, souvent sans le filtre rigoureux du journalisme professionnel, constitue une autre facette des défis contemporains. Le flux constant d’informations, d’opinions et de rumeurs circulant sur internet s’affranchit fréquemment des critères d’exactitude, de vérification et de déontologie journalistique, ce qui complique la distinction entre information fiable et manipulation. Par ailleurs, les médias traditionnels, confrontés à une concurrence accrue, subissent une pression croissante de la régie publicitaire et des actionnaires. Cette dépendance économique entraîne une perte d’indépendance éditoriale et pousse certains médias à adopter des positions moins partisanes mais également moins critiques, ou à privilégier des contenus sensationnalistes et commerciaux. Cette situation fragilise la qualité de l’information et la confiance du public envers les médias, amplifiant ainsi le rôle des réseaux sociaux comme source d’information principale, mais souvent non vérifiée.

L’information erronée et malveillante se propage en quelques heures notamment à cause du partage sans vérification de textes, d’images, de vidéos ou de liens vers des sites en ligne, rendu possible à travers les contenus sponsorisés et les systèmes robotisés. Le phénomène est désormais global et met en péril les démocraties du monde entier.

En tant qu’acteurs clés de l’écosystème informationnel, les médias et journalistes sont des cibles de la guerre informationnelle menée par des acteurs étrangers protéiformes (état étranger, société privé malveillante, groupes hacktivistes et terroristes).

Les médias ont aussi vu une augmentation significative des cyberattaques au cours des dernières années, en raison de leur visibilité et de leur rôle critique dans la diffusion d’informations parfois très sensibles d’un point de vue géopolitique. Ils doivent pouvoir être accompagnés par des experts et outillés pour faire face aux menaces qui pèsent sur eux.. et pour mettre en place des bonnes pratiques de protection de leurs données et de leurs informations sensibles.

Fort de ce constat, AFPP et VIGINUM ont décidé de s’associer pour créer le programme Cyber for Good MEDIA afin d’accompagner des journalistes les plus exposés à la menace cyber et aux manipulations de l’information, notamment les journalistes indépendants et de la presse quotidienne régionale (PQR). Ce programme mêlant les bases de cybersécurité avec les fondamentaux de la lutte contre les manipulations de l’information, offrira les clés de compréhension et les outils permettant le renforcement de la résilience informationnelle.